« L’insaisissable qui saisit » 

Si les mots de la mythologie classique et de la Bible peuplent les mers de dangers multiples, si les tempêtes des maîtres hollandais témoignaient déjà d’une fascination pour les espaces maritimes, la peinture du XIXe siècle provoque un sentiment du temps vertigineux. La génération romantique nous invite à une méditation teintée de mélancolie et nous fait trembler d’un effroi provoqué par l’agitation broyeuse des vagues, chacune se différenciant dans sa singularité propre. Des visions apocalyptiques à celles de l’enfer, la tempête devient alors un thème récurrent dans l’histoire de l’art. De Turner à Courbet, de Victor Hugo à Gustave Le Gray, les tempêtes, refuges des monstres et des mélancolies, renvoient toujours à l’expression des passions humaines.

M’inscrivant dans cette tradition, le propos est ici de saisir la nature dans l’une de ses convulsions, de témoigner de l’insaisissable, de l’impuissance humaine face aux éléments naturels. Métaphore du chaos, aléatoire et fugitive, la vague est un élément en perpétuel mouvement, aux formes, couleurs et textures jamais identiques, toujours singulières. En effet, quelle autre réalité y a-t-il que celle de la sensation instantanée ? Qu’est-ce qu’une image sinon un instant capté avant sa disparition ?

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